Vincent Aimé de la Ferme brasserie Moustous

Vincent et Lucie

Chers adhérents et producteurs de Bio’Gustin,

Je suis Hervé, adhérent de la première heure, ancien administrateur et aujourd’hui producteur de notre Amap . Ce message est le premier d’une longue série. 

Son ambition est de vous amener à la rencontre de vos producteurs et de vous donner des nouvelles du terrain. 

Parce que je suis convaincu qu’être engagé dans une Amap c’est bien plus que d’avoir accès à des produits locaux : c’est aussi avoir la chance de côtoyer des producteurs engagés, courageux, qui bravent les difficultés (aléas climatiques, obstacles administratifs,  inflation, …) pour vous proposer des produits dont ils sont fiers, en accord avec leurs convictions.

Cette série d’interviews commence avec la Ferme Brasserie Moustous. J’ai passé un peu moins d’une heure au téléphone avec Vincent Aimé, et je suis impressionné de ce que j’ai appris. En voici une synthèse. 

Bonne lecture.

Vincent et Lucie se sont installés en 2012 dans le Sud Gironde, près de Bazas. Las de leurs jobs respectifs, ils décident de se reconvertir dans l’agriculture et de créer la ferme de leurs rêves. 

D’abord artisans brasseurs, leur bière rencontre rapidement du succès. Ils plantent alors en 2015 une houblonnière (de 2000 m2), un verger diversifié (pommes, poires, prunes, cerises, abricots, etc. sur 1,5 ha), des petits fruits (fraises, framboises, cassis sur 2000m2) et des aromates (verveine, basilic, etc.). 

Mais ils veulent aller bien plus loin encore en produisant eux-mêmes les céréales nécessaires à la fabrication de la bière. 

Les écueils sont nombreux, mais leur détermination leur permet de devenir en 2020 des fermiers de Terre de Liens, sur une parcelle céréalière de 16,5 ha. 

Nos brasseurs vont beaucoup plus loin

Les voici paysans brasseurs ! Aujourd’hui, ils produisent en autonomie 97 % de la matière première nécessaire à la fabrication de leur bière. Et ça, c’est exceptionnel !

Comme vous le savez sûrement, leur bière est certifiée Agriculture Biologique. C’est la preuve qu’ils respectent un cahier des charges exigeant, tant pour la production de céréales que dans la brasserie. 

Mais accrochez-vous bien, nos paysans brasseurs vont beaucoup plus loin :

chaque année ils ne sèment qu’un quart de leur parcelle céréalière en orge et en blé. Les trois autres quarts reçoivent des cultures de féverole et de tournesol pour enrichir naturellement le sol et baisser la pression parasitaire. 

Après récolte, les pailles sont incorporées au sol pour augmenter encore les quantités de matière organique et ainsi nourrir la vie du sol. Le travail du sol est réduit à 1 labour tous les 8 ans seulement. Le désherbage est mécanique et superficiel. Bref, la préservation de la vie du sol est à l’honneur. 

Champ d’orge
Champ de févérole

Grâce à cela, les cultures de céréales se font sans aucun intrant : pas de fumure, pas de traitement, pas de chaulage. Des graines, de la terre, et de l’eau…

La ferme fait partie du collectif Mètis du Réseau Semences Paysannes.

« Ces collectifs inventent de nouveaux systèmes semenciers, source de biodiversité cultivée et d’autonomie, face au monopole de l’industrie sur les semences et à ses OGM brevetés. »

Ils refusent de creuser un forage pour pomper l’eau des nappes pour l’irrigation.

La ferme accueille trois vaches qui se nourrissent des déchets de la brasserie alors qu’une station de phytoépuration en purifie les eaux usées.

Les cuves et le matériel sont lavées à la vapeur, évitant ainsi l’usage de détergents.

Les bouteilles usagées rapportées par les clients (sans les étiquettes svp !) sont lavées et réutilisées, même si cela demande plus de travail et ne permet pas vraiment de réaliser d’économies.

Mais ce n’est pas tout : le label AB n’étant pas assez exigeant à leur goût, surtout pour la brasserie, ils ont fait la démarche d’y ajouter le label Nature & Progrès. Ainsi, ils refusent de nombreuses pratiques autorisées en bio comme la gazéification artificielle par injection de gaz carbonique, l’utilisation d’agents de clarification ou de mousse, le nourrissement des levures avec des additifs. 

En bref, ils privilégient les méthodes naturelles et traditionnelles et refusent autant que possible de nombreuses solutions techniques qui pourraient dénaturer leur produit.

Vincent et Lucie illustrent bien qu’une Amap n’est pas qu’un moyen de consommer local et direct producteur. C’est surtout le meilleur moyen de soutenir des producteurs hors normes, qui vont au-delà des réglementations et des cahiers des charges, qui prennent des risques et qui proposent des produits dont ils peuvent être fiers ! 

Bien plus que bio

Qu’y a-t-il de commun entre leur bière et une bière bio achetée dans votre épicerie préférée ? Saviez-vous que le cahier des charges du bio autorise d’acheter du houblon non bio ? regardez bien les étiquettes et vous en trouverez certainement où le houblon, dans la liste des ingrédients, n’est pas suivi du « * » rapportant à la mention « produits issus de l’agriculture biologique ».

Peut-être qu’après avoir lu ces quelques lignes, vous ne verrez plus la bière Moustous comme une bière bio, mais comme VOTRE bière « bien plus que bio » ! 

Peut-être que vous aurez envie de la faire goûter à vos porches et de leur raconter l’histoire de ces paysans brasseurs assez fous pour résister à l’industrialisation tout venant et à ses économies d’échelle.

Et peut-être aussi que vous aurez envie d’en savoir plus sur leur ferme et sur les projets en cours (le bistrot à la ferme en cours de construction, les formations de Lucie à la vannerie, aux teintures, aux impressions végétales). 

Vous pouvez jeter un œil aux réseaux sociaux ou à leur catalogue , mais personnellement je vous conseille surtout de profiter de la chance que vous avez de rencontrer Vincent lors de sa distribution mensuelle. 

Ça tombe bien, la prochaine date est le 24 novembre ! N’oubliez-pas d’apporter votre verre, il pourrait y avoir de la bière à déguster…