Des nouvelles de Bio Chemins

Comme chaque année, le printemps est synonyme de petits paniers de légumes. Naturellement des AMAPiens se posent des questions.

Manu s’est fait leur porte-parole et a interviewé Patrice, notre maraîcher. Voici ses réponses.

Comment Bio Chemins calcule le nombre de paniers que la ferme peut fournir aux AMAP ?

Au départ du projet de travailler avec des AMAP, Patrice et Marie-Christine ont estimé que la ferme pouvait fournir 200 paniers complets. Aujourd’hui on est aux alentours de 110 paniers complets répartis sur 4 AMAP. Mais il y a tout de même une liste d’attente car la période printanière étant toujours synonyme de petits paniers, nous préférons attendre l’arrivée des légumes d’été pour accueillir les nouveaux.

Quelle part de la production de la ferme est mise en vente sur le marché ?

Très peu. En 2019, seulement 1/10e de la production a été vendue sur le marché des Chartrons le dimanche et au marché à la ferme le samedi. Tout le reste est en fait de l’achat/revente. La production de la ferme va donc prioritairement aux AMAP.

Comment choisissez-vous les variétés de légumes ?

Les semis lancées donnent durant toute une saison, le choix des variétés se fait donc en début d’année et ne peut plus être changé.
On choisit les variétés qui donnent le plus chez nous par expérience. Par exemple, pour les tomates : certaines variétés sont plus goutues, mais sortent beaucoup plus tard dans la saison, d’autres donnent plus mais sont moins goutues, d’autres encore sont plus précoces. Biochemins essaye de faire un mixe de tout ça.
Depuis des années, il y a donc eu beaucoup d’essais réalisés à la ferme : certains ont fonctionné, d’autres pas.
Bio Chemins participe aussi avec des stations d’expérimentation légumière (qui travaillent en bio) aux tests de variétés plus précoces et plus goutues. Mais le « yo yo » des températures hautes et basses, comme en ce moment, se répète de plus en plus et certaines variétés ne le supportent pas. Le risque de ne rien avoir ou d’avoir peu de production est donc accru.
Pour tester une nouvelle variété, Bio Chemins réalise des tests à petite échelle d’abord, avant de se lancer dans la production à « grande échelle ». Par exemple cette année on va tester les concombres Arméniens.
Patrice signale aussi qu’il y a une évolution législative : les semences bio sont aujourd’hui obligatoires mais on ne trouve pas tout, donc des espèces peuvent être utilisées en dérogation ( graine non bio mais non traitée, et production possible sans traitement. Ces espèces dérogatoires diminuent au fil des ans, ce qui restreint la gamme des variétés disponibles.) Ces légumes donnent des récoltes plus abondantes.

Est-ce que les amapiens peuvent demander d’autres légumes ?

Il y a eu des questionnaires auprès des Amapiens, mais nous n’avons eu que peu de retours et il n’en est ressorti aucun tendance claire (les uns demandent plus de pommes de terre quand d’autres en demandent moins !).
Mais les Amapiens peuvent toujours regrouper leurs demandes et les faire remonter via leurs COPIL.

Comment expliquer cette période creuse chaque année, au printemps ?

Les légumes d’hiver sont terminés, ceux d’été ne sont pas encore à maturité, il y a toujours un creux à cette saison.
Mais cette année, c’est aussi et surtout dû à une météo défavorable : des fortes pluies ont empêché de planter puis le « yo yo » des températures (tantôt trop chaud, tantôt trop froid) a « cassé » le cycle des espèces.
Ajoutez à ça la crise sanitaire qui a empêché la livraison de certaines graines…
Un bon exemple du résultat de tout ça : on aurait dû avoir du haricot vert dans nos paniers mais Patrice constate un retard. La plante croit mais avec peu de fleurs (donc peu de haricots à venir).
D’autres cultures ne fonctionnent pas bien cette année : dans les champs, les choux pointus de printemps et les courgettes ont pris du retard ; dans les serres les pommes de terre primeurs (planté en février) ont peu de rendement. Les pommes de terre de saison, plantées mi-avril, ont pour l’instant un faible développement végétatif.

La ferme fait donc face à des conditions défavorables, et c’est justement là que l’engagement des AMAPiens fait la différence !

Dans le règlement intérieur de l’AMAP Bio’Gustin on peut lire que l’adhérent s’engage à « accepter les variations de productions inhérentes aux aléas climatiques et agricoles ».

Pourquoi ne pas cultiver plus de primeurs ?

Les primeurs présentent plusieurs inconvénients. Comme leur cycle est en avance sur la saison ils sont très sensibles aux nuisibles. Il faut savoir que la plupart des nuisibles apparaissent plus tôt dans la saison que leurs prédateurs. Les primeurs demandent donc beaucoup de soin et d’énergie (serres, couvertures en plastique, etc.).

Pourquoi ne pas faire de la permaculture à Bio Chemins ?

Patrice s’y intéresse puisqu’il connaissait la porte parole de la perma Emilia HAZELIP. Il suit les évolutions des stations d’expérimentation (dont il a été responsable en local) : il y a eu des tests de plantation sous couvert végétal, mais ils ne sont pas encore concluants.
La permaculture à grande échelle est donc encore au stade expérimental, et les premiers testeurs étaient des gens avec d’autres ressources qui leur permettaient de supporter la perte financière (c’est couteux). La ferme de Bio Chemins cultive 5 ha de SAU (surface agricole utile) et emploi 5 salariés. Elle ne peut pas se permettre de prendre de tels risques.

D’ailleurs Patrice s’interroge toujours sur qu’est-ce que la permaculture ?

Observez-vous des changements climatiques ? Cela influe-t-il vos cultures ?

La météo, depuis quelques années, perturbe les récoltes. Patrice a constaté que depuis les années 90, il y n’avait quasiment plus de journées sans vent, ce qui entraine des problèmes de sécheresse, complique les plantations, les semis, etc.
Le climat est de plus en plus fluctuant, les courbes s’affolent : grosses chaleurs durant la journée suivies de nuits en dessous de 10°, pluies plus violentes, orages plus fréquents hors saison… tout cela perturbe, gène, ralenti, retarde, réduit ou détruits nos récoltes.
Ce qui nous a sauvé jusqu’à présent est le choix de la diversité : même en 2018, année la plus défavorable qu’on ait connu à Bio Chemins, on a quand même réussi à fournir des paniers aux AMAP.

Heureusement l’été arrive et les paniers d’AMAP devraient rapidement grossir à nouveau ! Ceux qui sont sur la liste d’attente vont pouvoir profiter des paniers estivaux dès début juillet.



Qu’est-ce qu’une AMAP ?

4 bonnes raisons d’adhérer à une AMAP :

  • des produits d’une qualité exceptionnelle,
  • un rapport qualité/prix très intéressant,
  • un lien direct avec les producteurs,
  • un lieu de vie convivial au cœur de son quartier.

Voici quelques extraits de la charte des AMAP.
(Pour lire la version intégrale, cliquez ici)

“Les AMAP, ou Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne, sont nées, en 2001 en France, d’une prise de conscience citoyenne face à la situation de crise importante dans les domaines de l’agriculture et de l’alimentation. […]

Une AMAP inscrit sa démarche de coproduction dans le respect des principes de l’agriculture paysanne locale. En particulier, elle :

  • soutient le maintien, la pérennisation et l’installation,
  • favorise l’autonomie dans le fonctionnement des fermes,
  • s’inscrit dans une dynamique de territoire et de solidarité>
  • accompagne la viabilité économique des fermes partenaires,
  • est attentive aux conditions sociales de l’activité agricole. […]

Une AMAP soutient une agriculture respectueuse des hommes, de l’environnement et de l’animal, en référence aux fondamentaux de l’agriculture biologique[…]

Une AMAP coproduit une alimentation de bonne qualité gustative, sanitaire et environnementale.
Elle cherche à rendre cohérent son soutien à l’agriculture avec la dynamique d’un territoire et les besoins d’une population.
C’est pourquoi chaque AMAP cherche à élargir l’accessibilité d’une telle alimentation à toutes et à tous. […]

Une AMAP vise à créer les conditions de la participation et de l’appropriation citoyenne des enjeux agricoles et alimentaires, notamment par le débat, les apprentissages et le partage des savoirs. […]

Amapien-ne-s et paysan-ne-s en AMAP s’engagent mutuellement sans intermédiaire à partager la production pour une période donnée, par le biais de contrats solidaires (la durée de la période de contrat est liée aux cycles de l’activité de la ferme et dépend de chaque famille d’aliments contractualisée).”